Voyages immobiles

Daniel Putaud nous a fait parvenir les vidéos réalisées par son fils, Jean-Philippe, vidéaste professionnel. Montbéliard et Besançon comme vous ne les avez jamais vus !

En boucle – Besançon pendant le confinement – 31 mars 2020

Battre le pavé dans les rues quasi désertes de Besançon, contempler les millions de pierres taillées scellées entre elles par divers agrégats minéraux, imaginer les habitants en transparence, bouclés derrière les murs de ces édifices apparus comme des champignons par la volonté d’une poignée d’ êtres humains déterminés…En boucle.
Cette virgule inédite dans la mesure du temps humain, ressemble à un arrêt sur image. Aucun cri d’enfants, pas de bruit de moteur, pas de déchets jetés sur le sol, un ciel sans trace comme détartré des fumées d’avion.

Cette vidéo dont les conditions de tournage uniques m’ont été rendues possibles par la préfecture du Doubs, sont comme un témoignage fort de ce qui me semble être une charnière. Aux professionnels qui comme moi se posent de nombreuses questions, on se dit qu’il faudrait du temps pour réfléchir à une redirection de notre système, c’est l’occasion rêvée.
Regardez attentivement, on y distingue notre passé, notre présent et nos futurs combinés… En boucle.

Jean-Philippe Putaud


Intervalle  – Montbéliard pendant le confinement – 2 avril

Des images aériennes du centre-ville de Montbéliard durant le confinement lié à la pandémie de Covid-19. Sous le soleil, les rues de la cité des Princes sont vides de leurs habitants. Un intervalle très particulier…

Vidéos  à trouver également directement sur le site de Jean-Philippe Putaud : http://www.apollo77.com/#


Même confinés nous rêvons d’espaces à découvrir, à retrouver ?
Une visite sur le site « Lieux insolites » transmis par Jean-Claude Simard est une mine de curiosités, de lieux surprenants, à apprécier tranquillement chez nous : http://www.lieux-insolites.fr/texte.htm


et ci-dessous, la vingt-deuxième étape de notre feuilleton quotidien « Péleriner confinés » par Denise Péricard-Méa.

Nicole


Péleriner confiné, étape n° 22

Pèleriner ailleurs qu’à Compostelle

Reliques de saint Jacques en France

L

a Chronique de Turpin raconte l’expédition de Charlemagne en Espagne.
Au XIIe siècle, elle prétend qu’à son retour, il fonda

l’église de la Vierge Marie à Aix-la-Chapelle, l’église Saint-Jacques de la même ville, l’église Saint-Jacques de Toulouse, celle de Béziers (ou de Bourges), de Dax, de Sorde et de Paris, ainsi que d’innombrables abbayes.

Il n’en fallait pas plus pour que tous les sanctuaires se prévalent de posséder des reliques de saint Jacques.
La cathédrale de Compostelle en aurait même distribué :

  • un fragment de tête à Pistoia,
  • un bras à Liège, un autre à Wurzbourg.

Viendraient également de Compostelle (ou de Charlemagne) :

  • un os de Mr. saint Jacques de Galice » offert par le roi de France à l’hôpital Saint-Jacques aux pèlerins de Paris,
  • « un pied de saint Jacques apôtre de Galice » à Namur,
  • un bras à l’abbaye Saint-Denis à Paris.

Les textes permettent parfois d’embellir la provenance, ainsi la main de Reading, passée de main en main avant d’arriver en Angleterre, ou le bras de la cathédrale de Langres.

Le tombeau de saint Jacques Angers

Quant aux corps entiers de saint Jacques, outre ceux d’Échirolles (étape 20) et de Toulouse (étape 19), on en retrouve un autre à Angers. Celui-là a donné lieu à un livre publié en 1610 qui aurait été brûlé comme hérétique par le bourreau de Compostelle !
Aucune trace de cette histoire n’a encore été retrouvée  aujourd’hui à Compostelle. Un fac-similé avec une traduction en français contemporain a été publié en 2006 Recherche et avis sur le corps de saint Jacques le Majeur, de Claude Ménard (éd. Atlantica, col. Autour de Compostelle, édition DPM).

La demi-tête de saint Jacques à Arras

La tête de saint Jacques d’Arras, elle, a défrayé la chronique pendant des dizaines d’années au XIIe siècle. Elle fut finalement coupée en deux, une moitié pour Arras et l’autre pour Aire-sur-la-Lys (la moitié d’Arras, miraculeusement sauvée, a été volée vers 2012).
Et d’autres têtes encore, d’origines indéterminées, parmi lesquelles celle de Bourges.

Toulouse (étape n°19) se réclame aussi de Charlemagne… et, grande âme, en a même distribué des morceaux, ça et là.
Le duc de Jean de Berry se voit offrir un fragment du « chef », dont il redistribue des fragments à l’église de sa fiancée, ND de Boulogne, et à son « garde des joyaux ».

Saint-Sernin envoie aussi au conseiller du roi « un petit ossement de la poitrine », puis « plusieurs ossements » au roi.

La plus étonnante relique venant de Toulouse a atterri à Paris à l’hôpital Saint-Jacques-aux-pèlerins après avoir été offerte au maître maçon qui avait fait des fouilles à la cathédrale pour retrouver le « chef » de saint Jacques : « une dent et une partie de côte ». Ne pas en conclure que cette dent fut celle qui revint à Compostelle en 1321, ceci se passait en 1490… (étape n°18)

Force est de constater que nombre de reliques proviennent du sac de Constantinople en 1204. Peut-être conscients du sacrilège, rois et princes donnent une part du butin aux églises :

  • Baudouin de Flandre offre ainsi à Philippe-Auguste un morceau d’épaule, lequel confia le précieux objet à l’abbaye de Saint-Denis déjà possesseur du fameux bras de saint Jacques défendant le royaume de Charlemagne.
  • L’abbaye de Royaumont  se vit confier par Saint Louis IX le chef d’un saint Jacques dit le Mineur.
  • Troyes a ainsi hérité de trois bras, la cathédrale de Nevers d’un « chef », l’abbaye de Châteauneuf-en-Thymerais d’une main, des reliques à Corbie, à Clairvaux.
Saint-Jacques de Courtomer (Orne)

Et combien d’autres, d’origines inconnues, à Rabastens, à Saint-Florent de Saumur, aux Saintes-Maries de la Mer, à Limoges, à Asquins et dans la multitude de bustes-reliquaires sensés contenir un fragment du « chef » de saint Jacques.

Toutes ces reliques ont donné naissance à des sanctuaires et à des pèlerinages. Mais nombreux sont encore en France les petits pèlerinages locaux qui  sont restés vivants, honorés d’une procession, voire d’une Messe, annuelle aux alentours du 25 juillet, sans avoir pour cela besoin d’une relique. En dehors des chemins, ils maintiennent vivante la mémoire des pèlerins médiévaux, répondant, eux aussi, à un besoin contemporain.

Pour en savoir plus


Denise Péricard-Méa
demain, suite à vos remarques sur l’étape d’hier au sujet de l’auteur de l’Épitre : Jacques le Majeur, auteur de l’Epître ?
retour à la première étape : Jérôme Münzer part précipitamment de Nüremberg

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