Bombeiros

Après nous avoir emmenés, ces jours derniers,  de Lisbonne à Santiago, Alain Humbert nous fait faire étape, toujours sur le caminho portugués, à Mealhada……
Nous prendrons ensuite un peu de hauteur, nous intéresserons au déconfinement et terminerons avec un peu d’émotion éléphantesque. 

Mealhada

Passer à Mealhada sans déguster un cochon de lait cuit à la broche (leitão en portugais)  serait comme visiter Strasbourg sans y manger une choucroute ou faire fi d’un cassoulet à Castelnaudary. C’est ici que le chemin de Compostelle m’a conduit aujourd’hui, un petit bourg portugais situé entre Coimbra et Porto. Comme je l’ai fait partout où cela était autorisé, je suis allé frapper à la porte des « bombeiros » (pompiers) pour y trouver le gîte ; pas le couvert, il ne faudrait pas abuser ! C’est déjà assez exceptionnel que dans ce beau pays, les casernes de pompiers offrent gratuitement l’hébergement à de « pauvres pèlerins » qui partis de Lisbonne tentent rejoindre la cité de l’apôtre. Saluons cette initiative à la hauteur de ce qu’elle représente pour nous !

Je suis donc arrivé à Mealhada et y ai trouvé de quoi me rendre plus présentable et dormir. Luc, un Français et Elda, une Canadienne ont fait le même choix que moi. Joâo qui nous reçoit et nous installe est un pompier volontaire ; c’est-à-dire qu’il a un autre job et que bénévolement il assure cette fonction au sein de la caserne de la ville. Au Portugal il s’agit d’une situation courante, la plupart des bombeiros sont volontaires. Comme je lui demande où dîner ce soir, il me répond, bien évidemment, qu’ici c’est la ville du leitão et que tous les restaurants en ont fait leur spécialité.

En arrivant j’avais bien remarqué toutes ces enseignes publicitaires qui vantaient les mérites de telle ou telle maison en matière de leitão : ici on les cuisait à la broche, là ils étaient grillés au four.

Il nous conseille sans hésiter le Hilario, un restaurant qui cuit le porcelet à la broche puis le découpe au sécateur devant le client avec une gestuelle bien propre à eux.

Quand nous arrivons, le restaurant est comble, heureusement Joâo a eu la gentillesse de nous retenir une table.



Plusieurs leitão tournent au-dessus d’un lit de braises, d’autres ont été retirés et sont à la découpe. Ici, on ne vous présente pas de menu, pas davantage de cartes, car c’est leitão ou leitão, le seul choix que vous ayez c’est celui du morceau. Le serveur vient à notre table et nous présente l’animal découpé en morceaux de belle taille ; il le fait à la manière d’un sommelier qui, avant de la déboucher, vous fait voir la bouteille que vous avez commandée.

La viande avec cette belle couleur du grillé et les arômes qui l’accompagne nous met tout de suite en appétit.
Elda et Luc optent pour le jambon et moi pour l’épaule.


A suivre, demain….


Jean-Claude Simard nous propose maintenant d’aller

prendre l’air virtuellement……
Faites l’ascension du Mont Blanc comme si vous y étiez, dans votre fauteuil et sans fatigue. Lisez bien la légende puis cliquez chaque fois sur les flèches bleues….. 
C’est superbe ! Bonne rando !

https://st-gervais.tartinvillephoto.com/vv/ascension-virtuelle-mt-Blanc.html


Après cette balade en hauteur, retombons sur terre avec les règles du plan de déconfinement synthétisées dans les tableaux de la Fédération Française de la Randonnée que nous publions ici :

Balades permises à compter du 11 mai, sous certaines conditions bien précises,  que nous allons respecter, bien entendu !


Si cette semi-liberté ne nous suffit pas et nous laisse le moral un peu en berne,  voici une vidéo  transmise par Nadine la Toulousaine.
Satie, Bach ou Beethoven apaisent les éléphants, et nous aussi.   


Et ci-dessous, la quarante-troisième étape de notre feuilleton quotidien « Péleriner confinés » par Denise Péricard-Méa.

Nicole


Péleriner confiné, étape n° 43

Avec Marie d’Agreda

Statue de la Vierge du pilier (cl. PMA)

C’
est le mois de Marie, c’est le mois le plus beau.
Certains, ou plutôt certaines d’entre nous, doivent avoir encore dans un coin de leur mémoire ces veillées à l’église où, dans la chapelle de la Vierge, retentissait le crin-crin de l’harmonium guidant ces chants à la Vierge.

Il reste aussi le souvenir de l’odeur des fleurs, entre autres celle de l’épine blanche, le mai. Qui se souvient que la pression sociale interdisait les mariages en mai car c’était offenser la Vierge Marie ?

Saint Jacques et la Vierge

Je choisis un texte particulièrement lyrique, écrit par Marie d’Agréda (1602-1665), une mystique espagnole, abbesse du monastère franciscain de la Concepcion à Agréda, aux confins de la Vieille-Castille, de la Navarre et de l’Aragon, et auteur de la Cité mystique de Dieu. En Espagne elle a été proche des rois, mais suspectée parfois d’hérésies. Traduite très tôt en français elle a été critiquée par Bossuet et moquée par Voltaire.

Ses biographes rapportent que le Seigneur lui a commandé d’écrire ce que les anges lui avaient fait connaître, pour faire découvrir les mystères cachés qui regardent sa très pure Mère. Marie d’Agreda confesse que toutes ces choses ont été soumises à l’approbation des docteurs de l’Église, et que le démon a fait de grands efforts pour l’empêcher d’entreprendre son ouvrage.

Grenade, rue Santiago, couvent Saint-Jacques (cl. PMA)

Cet article est composé d’extraits, très résumés de la Cité mystique de Dieu. Mais ses mots sont ceux de Marie d’Agréda rapportant ses extases.

Par deux fois, la Vierge vint aider saint Jacques lors de son évangélisation de l’Espagne, à Grenade et à Saragosse. Si le passage à Grenade est inconnu ailleurs, la légende de Saragosse est déjà connue au XIIIe siècle, mais elle est ici très développée. Grenade possède néanmoins un couvent Saint-Jacques.

Marie sauve Jacques à Grenade

Pour ceux qui partent de Grenade

Saint Jacques s’embarqua au port de Jaffa, avec douze disciples, l’an du Seigneur 35, au mois d’août… Il débarqua au port de Carthagène puis il prit le chemin de Grenade.

La photo ci-contre indique le départ du chemin contemporain.

A peine eut-il commencé à y prêcher que les Juifs l’attaquèrent, le faisant passer pour un auteur de fausses sectes et pour un magicien. Malgré tout, ils ont converti un grand nombre d’infidèles. Puis, enchaînés, ils se préparent à être égorgés. Saint Jacques invoque le secours de la Vierge et répète  » O Marie ! ô Marie ! « 
Aussitôt, le coeur de mère de Marie souhaita pouvoir lui porter secours.

Et son Fils ordonna aux mille anges qui l’assistaient d’accomplir le souhait de leur Reine. L’ayant reçue sur un trône formé d’une nuée toute brillante, les anges la portèrent en Espagne. Les ennemis avaient déjà le coutelas à la main pour les égorger tous.

Seul saint Jacques vit la Reine du ciel dans la nuée d’où elle lui parla. A sa voix, ses chaînes et celles de ses disciples se brisèrent. Quant à ceux qui avaient les armes à la main, ils tombèrent tous par terre, où ils restèrent inanimés plusieurs heures et les démons qui les assistaient furent précipités dans l’abîme. « Notre Reine prescrivit à cent de ses anges d’accompagner saint Jacques dans tous ses voyages, de le défendre partout, aussi bien que ses disciples, des périls qui se présenteraient, et de le mener à Saragosse après avoir parcouru tout le reste de l’Espagne.

Une forteresse musulmane entre Grenade et Tolède (cl. PMA)

Entre Grenade et Tolède


Cette forteresse musulmane n’existait pas quand saint Jacques est passé par là …

Saint Jacques avec cette céleste escorte voyagea par toute l’Espagne. Il poursuivit sa route, prêchant en plusieurs endroits de l’Andalousie. Il alla ensuite à Tolède, et de là il passa en Portugal et en Galice.

Logroño

Retable à Logrono (cl. LM)

 Après avoir parcouru diverses localités, il arriva dans la province de Rioja, et se rendit par Logroño à Tudèle et à Saragosse.


Le panneau central du retable de l’église Saint-Jacques de Logroño montre saint Jacques pèlerin, entouré d’anges de la garde que lui a donnée Marie. Au-dessus, la Vierge en gloire.  

Le fruit qu’il fit par sa prédication fut immense, eu égard au peu de temps qu’il demeura en Espagne, et ça a été une méprise de dire qu’il ait converti fort peu de personnes ; car il établit la foi par tous les endroits où il passa, et c’est pourquoi il ordonna un si grand nombre d’évêques dans ce royaume.


Saragosse

Retable de la basilique Notre-Dame de Saragosse (cl LM)

Ce somptueux retable de la basilique Notre-Dame de Saragosse est plus facile à lire quand on connaît son histoire qui suit.

Une nuit au bord de l’Ebre

Le Seigneur dit à sa divine Mère :  » Je veux que vous alliez à Saragosse et que vous ordonniez à Jacques de revenir à Jérusalem pour qu’il y souffre le martyre. Il doit construire, avant de quitter Saragosse, un temple où vous soyez révérée et invoquée  » « Portée par les séraphins, accompagnée de ses mille anges elle alla à Saragosse. Et quoique ce vol eût pu se faire en très peu de temps, le Seigneur le régla d’une telle manière que les saints anges formant des choeurs eussent le loisir d’y chanter des hymnes de louange à leur Reine.
Les uns chantaient l’Ave Maria; les autres, Salve sancta Parens, et le Salve Regina; d’autres encore le Regina caeli laetare, etc. Ils alternaient ces chants en choeur, et se répondaient les uns aux autres en formant des accords si mélodieux, que l’homme ne saurait s’en faire une idée ici-bas …ils arrivèrent à Saragosse vers minuit.

La Vierge du pilier

Panneau du retable de Logroño

Saint Jacques était avec ses disciples hors de la ville, tout contre la muraille qui longe les bords de l’Ebre,  un peu écarté de leur compagnie pour faire oraison. Parmi les disciples, les uns dormaient, et les autres priaient à l’exemple de leur Maître
Les chants des anges réveillèrent même ceux qui étaient endormis, ils aperçurent dans le ciel une vive lumière.

Les anges portaient une petite colonne de marbre ou de jaspe, ils avaient fait une statue, qui n’était pas fort grande, de la Reine du ciel ; ils la portaient avec beaucoup de vénération. Saint Jacques se prosterna aussitôt devant Marie. Elle lui dit :

Mon fils Jacques, le Tout-Puissant a choisi ce lieu, pour que vous construisiez un  temple que vous lui dédierez, et où il veut que,  sous  mon nom, le sien soit exalté. Je  promets aux fidèles, au  nom du Très-Haut, de grandes faveurs, de douces  bénédictions, et ma puissante protection ; car ce temple sera ma maison et mon propre héritage.

Saint Jacques vit ici par les yeux corporels la véritable échelle du ciel. Les anges montent et descendent le long de cette échelle avec les prières des fidèles et avec les faveurs incomparables que distribue notre grande Reine à ceux qui l’invoquent et l’honorent dans ce lieu.

En route pour le martyre

Saint Jacques partit ensuite de Saragosse quelques mois après l’apparition qu’il eut de la Reine des anges ; il s’embarqua sur la côte de Catalogne avec un ardent désir de voir la bienheureuse Marie, sa protectrice.

Il est impossible de dire la joie du saint apôtre à la vue de l’heureux moment, où il devait donner sa vie. Il invoqua la divine Mère du fond de sa grande âme. Les anges la conduisirent au lieu du martyre de l’apôtre. Le saint la vit, revêtue de célestes splendeurs, environnée d’un nombre infini d’esprits bienheureux. A cette douce vue il fut transporté d’une sainte joie et il dit :

 » O sainte mère de mon Jésus, ma protectrice, donnez-moi votre bénédiction. Je remets mon âme entre vos mains « .

A ces paroles la tête fut séparée du tronc, et la grande Reine reçut l’âme du bien-aimé Jacques.

Elle la conduisit au ciel, et la présenta à son fils glorieux, causant à tous les habitants de la cour céleste une nouvelle joie et une nouvelle gloire.

Les visions de Marie d’Agreda se terminent ainsi :

Ses disciples enlèvent son corps et le transportent en Galice à l’endroit où Dieu voulait qu’on le déposât.


Denise Péricard-Méa
demain : Sous le costume du pèlerin
retour à la première étape : Jérôme Münzer part précipitamment de Nüremberg

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