Encore un peu de poésie

L’écriture, la peinture, la poésie aident-elles à cheminer dans la vie ?  Sans aucun doute….

Nadine la Toulousaine nous fait parvenir

un beau texte de Jean d’Ormessonle train de la vie

A la naissance, on monte dans le train et on rencontre nos parents.
Et on croit qu’ils voyageront toujours avec nous.
Pourtant, à une station, nos parents descendront du train, nous laissant seuls continuer le voyage…
Au fur et à mesure que le temps passe, d’autres personnes montent dans le train. Et ils seront importants : notre fratrie, amis, enfants, même l’amour de notre vie. Beaucoup démissionneront (même l’amour de notre vie) et laisseront un vide plus ou moins grand. D’autres seront si discrets qu’on ne réalisera pas qu’ils ont quitté leurs sièges.
Ce voyage en train sera plein de joies, de peines, d’attentes, de bonjours, d’au-revoir et d’adieux. Le succès est d’avoir de bonnes relations avec tous les passagers pourvu qu’on donne le meilleur de nous-mêmes.
On ne sait pas à quelle station nous descendrons. Donc vivons heureux, aimons et pardonnons !
Il est important de le faire, car lorsque nous descendrons du train, nous devrions ne laisser que des beaux souvenirs à ceux qui continuent leur voyage…
Soyons heureux avec ce que nous avons et remercions le ciel de ce voyage fantastique. Aussi, merci d’être un des passagers de mon train. Et si je dois descendre à la prochaine station, je suis content d’avoir fait un bout de chemin avec vous !

Je veux dire à chaque personne qui lira ce texte que je vous remercie d’être dans ma vie et de voyager dans mon train.


Jacques Sutter a été touché par la petite vidéo jointe, Monet et Shakespeare :

Superbe… ! Quelles merveilles que ces œuvres  et ces textes si bien choisis.


Danielle Brun-Vaunier et Jean Cheviet, ont été interpellés :

au hasard de nos lectures de « confinés », par une strophe  d’un  poème de Léon Deubel  qui peut être reprise pour la situation de ce jour et les chemins parcourus… 
Ce poète franc-comtois a donné son nom à la médiathèque de Belfort.
Un monument à sa mémoire, réalisé par le statuaire Philippe Besnard, a été érigé dans un jardin public de Belfort, le square Lechten.

Rien ne s’efface, tout survit,
Hier à demain vient se coudre ;
Le chemin garde dans sa poudre
Les pas de ceux qui l’ont suivi.

44.leon deubel.JPG

Pour en savoir plus sur Léon Deubel :
 http://www.cancoillotte.net/spip.php?article700


Si vous souhaitez (en plus d’écrire pour notre blog !), participer à un atelier d’écriture, il reste un peu de temps pour vous adresser à Compostelle 2000 : « Que ces temps de confinement n’arrêtent pas votre écriture, au contraire, saisissez crayon, stylo, ordinateur, laissez-vous aller à rêver ».


et ci-dessous, la trente-septième étape de notre feuilleton quotidien « Péleriner confinés » par Denise Péricard-Méa.

Nicole


Péleriner confiné, étape n° 37

Saint Jacques n’est pas seul en Galice

Les amulettes de saint André

Un sanctuaire très couru, mais tenu secret par les Galiciens ! J’ai eu la chance d’y être conduite par l’un d’entre eux et, qui plus est, le lendemain du grand pèlerinage du 30 novembre, jour de saint André. Pourquoi le lendemain ? Pour éviter de croiser des autocars sur la route escarpée et très étroite menant à Teixido. A l’extrême pointe ouest de la côte cantabrique, ce village est accroché sur le haut de la plus haute falaise d’Europe, à 600 mètres d’altitude, en terrasse le long d’une pente à 80%.

Il abrite une relique du chef de saint André, dans une église fondée en mémoire d’un naufrage du saint, tout aussi multiple que saint Jacques !
Il y a été honoré longtemps par les Galiciens, jusqu’à ce qu’il soit détrôné par saint Jacques.
Au Paradis, il s’en est plaint amèrement au Bon Dieu qui a réagi :

nous allons faire savoir aux Galiciens que ceux qui n’auront pas fait ton pèlerinage de leur vivant seront obligés d’y revenir une fois morts.

Comme partout, la hantise de l’Au-delà a fait son effet, et les pèlerins sont revenus. Encore aujourd’hui, viennent les anciens qui se sentent vieillir. D’autres tardent, pensant qu’ils mourront tout de suite après… D’autant plus qu’on prétend que les revenants reviendront sous forme d’insectes, ou de serpents. Bref, il y a foule pendant tout l’été et l’automne au moins jusqu’au 30 novembre.

Queda aquí, san Andrés, / que de vivos ou de mortos / todos te virán ver

Reste ici, saint André / qu’ils soient vivants ou morts / ils viendront tous te voir

Les plus courageux montent à pied, le long de cette falaise si pentue. Les autres arrivent en voiture, au haut de la falaise. Parking, mer au loin, tellement grise qu’elle se confond avec le ciel, bref, on ne voit rien, ni village, ni église. On descend et tout à coup, on est dans une rue unique, en terrasse, l’église déjà en contre-bas, plus bas encore le cimetière, tellement bas que les tombes individuelles sont minuscules, entourées des constructions remplaçant les caveaux impossibles à creuser et contenant les cercueils (photo ci-contre).

Comme dans tout sanctuaire de pèlerinage, l’arrivant est happé par les éventaires, modestes et tenus par les femmes du village. Elles ont trois produits phares :

Les ex-votos en plastique



Le premier, les ex-votos dans leur version moderne, en plastique au lieu d’être en cire.


Le 2e produit phare, l’herbe d’amour ou œillet de mer :

Une amulette locale  originale – pour l’érotisme et la fertilité. Jetez une brindille dans la poche de l’être cher, il vous aimera pour toujours.

Cette herbe pousse dans des endroits assez inaccessibles, en terre salée.

Le 3e se compose de sansandreses en mie de pain séchée et peinte, dont les symboles sont expliqués par un document généreusement distribué.

La tradition dit que toute personne qui possède ces figurines de mie de pain sera toujours accompagnée par la chance.

Qui n’achèterait pas la collection  ?
En voici les symboles :

  • La fleur accompagne en amour
  • La main demande du bon travail dans les études
  • La sardine pour que la nourriture ne manque jamais
  • La barque pour que les voyages se terminent bien
  • L’échelle pour s’améliorer au travail et en entreprise
  • Le saint André pour la bonne santé et l’amitié
  • La couronne de saint André
  • La colombe symbole de paix
L’océan vu de l’église

D’où viennent ces symboles à l’allure bien moderne et bien païenne ? Ils sont sans doute anciens mais remis au goût du jour. Saint André reste présent avec sa statuette et sa couronne de martyre. Il n’y a pas si longtemps, la barque était celle de son naufrage et la sardine le poisson dont il se nourrissait.
La mie de pain en elle-même symbolisait la nourriture essentielle.

Intérieur de l’église Saint-André



Une fois dûment informés et mis dans l’ambiance, la visite au saint s’impose, dans l’église. De la terrasse, quel somptueux paysage, un solide palmier et la mer tout en bas, si bas qu’on ne l’entend pas.


Lors de ma visite, le chœur était encore tout fleuri de la décoration du grand pèlerinage de la veille.

L’affluence avait imposé trois cérémonies successives. Pour chacune,  une trentaine de cars avaient été nécessaires pour transporter les pèlerins. Sur cette hauteur, c’est la capacité maximale du parking.

Etaient encore présentes des offrandes de la dernière cérémonie, ex-votos, dont un bébé en plastique, bateaux, statuette.

Au premier plan, une immense statue de saint André domine le choeur. Il tient la croix de son martyre, preuve qu’il est l’apôtre. Dans un souci de concorde, une petite statue de saint Jacques lui fait pendant dans le retable, (à droite, en vert à peine visible sur la photo) mais ce n’est pas à lui que vont les offrandes.

Le dernier rituel

Un dernier rituel consiste à descendre très en contre-bas à la fontaine du saint ou Fonte dos Tres Canos (des trois jets). Là une source aménagée d’où sortent trois filets d’eau.

On doit en boire directement avec la bouche, sans toucher le mur, en formulant un vœu.

Un dernier rituel

Ruisseau Saint-André

Puis on se retourne et on jette des morceaux de pain (qu’il a fallu prendre la précaution d’apporter, mais les Galiciens savent) dans le ruisseau qui dévale la pente.

Si les morceaux flottent, le vœu sera exaucé,
s’ils sombrent, il faudra revenir.


Il faudra que je revienne !


Denise Péricard-Méa
demain : D’autres que Flamel sur le Chemin
retour à la première étape : Jérôme Münzer part précipitamment de Nüremberg

Cet article a 3 commentaires

  1. bruno Géhant

    Merci, un texte de jean d’Ormesson qui ne prend pas de rides et qu il est bon de relire….

  2. Jean-Marie Taquet

    Merci à Nadine pour son partage, c’est marrant c’est comme cela que je vois la vie !

  3. Patricia Bourdon

    Merci pour le lien pour rejoindre Compostelle 2000, pour écrire, dessiner où autres. Je m’y suis inscrite et je suis très contente . Là, je peux écrire sans retenue, juste pour mon bonheur d’écrire .

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