Asquins est un village d’environ 300 habitants niché au pied de la colline de Vézelay dans le département de l’Yonne (Bourgogne Franche-Comté). Cette commune fait partie du Parc Naturel du Morvan. Pour rejoindre ce village en partant de Vézelay, le visiteur passe à proximité de La Cordelle, premier ermitage franciscain fondé par des disciples de St François en 1217, et lieu de départ des pèlerins pour la Voie d’Assise.
En entrant dans le village d’Asquins, on se souviendra qu’il fut pendant longtemps le point de départ du Chemin de Compostelle. La Grande Rue, qui fait presque un kilomètre de long, a vu dès le XIIe siècle passer de nombreux pèlerins suivis d’une foule de marchands et de commerçants.
Pour découvrir quelques traces de cette époque mouvementée, il nous faut pousser les portes de l’église St Jacques le Majeur perchée sur un petit tertre au-dessus du village. Écoutons ce qu’en dit Mr Pierre Haasé, historien local :
L’église actuelle a pour patron depuis le début du XIIe siècle Saint Jacques le Majeur. Elle constituait le point de départ d’une des quatre grandes voies de pèlerinage vers Compostelle, désormais reconnues par l’UNESCO. Y convergeaient les pèlerins venus du Nord et de l’Est.
Inscrite à l’inventaire des M.H. depuis le 1er mars 1926, c’est un édifice composite dont les parties les plus anciennes remontent à la fin du XIe siècle. De fait la première église fut consacrée entre 1055 et 1098 par l’évêque d’Autun, Aganon. Cette consécration fut réitérée en 1132 par Etienne de Bagé, ce qui fait penser qu’il s’agissait de l’Ecclesia peregrinorum, l’église des pèlerins…
Mais c’est tout le XIIe siècle qui fut agité à Asquins, en écho aux troubles de Vézelay. Dès les années 1140, Asquins abrita le clerc vagant poitevin Aimeri Picaud, auteur partiel et compilateur du Livre de St Jacques ou Codex Calixtinus, qu’il alla déposer à Compostelle, en l’entourant de fausses bulles d’Innocent III et de faux certificats de cardinaux. Il y ajouta un Guide du pèlerin.
Arrêtons-nous quelques instants devant ce fameux buste reliquaire qui fait la renommée de cette église, écoutons à nouveau Pierre Haasé :

Une vitrine protège une pièce plus prestigieuse, le buste reliquaire de St Jacques, en bois polychrome, de facture italienne du XVIe siècle restauré par une action de mécénat en 1988.
Le saint, au visage serein et souriant, aux yeux en amande et à l’abondante chevelure et barbe bouclées, porte son chapeau frappé de la coquille rejeté sur la nuque. Au centre du torse la logette qui enfermait les reliques, de nature inconnue, a perdu son cabochon. De part et d’autre, sont figurés en miniature le bourdon de pèlerin, la gourde, la besace.
On ne manquera pas d’admirer au passage le vitrail du XIXe siècle représentant l’apôtre, et un panneau peint relatant la décollation de St Jacques. Particularité de la nef : les piliers cruciformes sont habillés par des boiseries cylindriques et d’une chaire à panneaux sculptés remarquablement bien travaillés ! Les fresques du chœur et de la sacristie (malheureusement en piteux état !) évoquent le martyre de St Sébastien et surtout le Miracle de St Éloi. La fièvre médiévale s’est éteinte mais le patrimoine de cette église nous permet d’entendre encore au loin le chant des jacquaires sur le départ !!!
Texte et photos : Gabriel Vieille
Citations (en italique) de Pierre Haasé, tirées d’une plaquette intitulée « l’église Saint-Jacques le Majeur – Asquins » Édition « Association Ultreïa » 2022
Fiche patrimoine au format PDF disponible en téléchargement
Très bel article !!!
Bonjour Gabriel .
Toujours aussi précis dans tes commentaires. Merci Gabriel .